Comment créer un shitakusa de fougère pour accompagner un arbre lors d’une exposition d’automne ou d’hiver ? Voilà ce à quoi je vais essayer de répondre dans ce billet.
Si l’on regarde les compositions de bonsaï exposées à la Kokufu-Ten, elles comportent très souvent un bonsaï (heureusement quand même…) et une plante d’accent, appelée shitakusa. Parmi les plantes d’accompagnement classiques, il n’est pas rare de pouvoir observer des shitakusa de fougère japonaise. Les bonsaïka japonais utilisent toute une palette de fougères naines différentes au feuillage très découpé ou finement ondulé, à la feuille charnue, très compacte ou même poilue, etc.
Fougères japonaises dans les expositions de Bonsaï
J’ai la chance d’avoir une de ces petites fougères dans mon jardin. Je crois qu’elle vient du Jardin du Levant (pépinière bonsai bien connue créée par Jérôme Hay près de Rennes). En fait, cette petite fougère n’en ai pas vraiment une. Il s’agit d’une Sélaginelle. Sa particularité est de pouvoir sécher quasiment complètement et de pouvoir reprendre vie, reverdir lorsque l’eau revient.
Il m’est arrivé de pouvoir expérimenter cela sans le vouloir lorsque le petit pot dans lequel elle poussait fut caché par le feuillage d’un Hosta envahissant.
J’apprécie tout particulièrement son feuillage finement découpé et qui passe d’un beau vert à des tonalités automnales merveilleuses en octobre. C’est cet aspect de la sélaginelle qui fait que les japonais l’utilisent si fréquemment pour composer des shitakusa pour les grandes expositions. Elle ne disparait pas l’hiver et garde ses belles couleurs rouges orangées jusqu’au printemps. Souvent associée à un petit cognassier japonais ou bien utilisée seule en tout petit pot, la sélaginelle est un must have, un incontournable des shitakusamono.
Elle ne semble pas très exigente du point de vue culture. Il lui faut surtout de la mi-ombre et pas mal d’eau. Une bonne humidité ambiante l’aide à pousser plus vite.
Création d’un shitakusa de fougère
Cette année, j’ai voulu la multiplier et surtout préparer un accompagnement spécial automne qui pourrait très bien fonctionner à une belle exposition de bonsaï comme Saulieu.
Pour cela, j’ai utilisé un petit pot rustique rapporté du Japon dans lequel j’ai l’intention de placer directement mes boutures de sélaginelle. Le substrat est composé de Ketho et d’Akadama. Le Ketho est humidifié pour obtenir une consistance bien souple. On y ajoute aussi de l’Akadama.
J’ai ensuite préparé le pot (grille au fond et un peu de drainage) puis y ai déposé une grosse boule de ce mélange de ketho tsutchi. J’ai choisi de former une butte arrondie mais déformée afin de ne pas tomber dans la symétrie et donner une forte orientation à ma composition. Elle pourra être ainsi utilisée avec un bonsaï en exposition et c’est bien là le but.
Les boutures de Sélaginelles sont préparées et insérées à l’aide d’une pince dans le ketho. Le substrat est bien serré autour de la feuille.
A la fin de cette étape, voilà ce que ça donne :
Il faut maintenant cacher le substrat en apposant de la mousse. Plusieurs variétés de mousses sont utilisées en toute petites touches afin de créer un tapis nuancé.
Le résultat de ce shitakusa de sélaginelle créé par bouture dans du ketho :
Des nouvelles dans quelques temps pour voir le développement de ce shitakusa de fougère…
En attendant, je vais placer cette composition dans une petit aquarium fermé par un film étirable de cuisine pour créer une mini serre et ainsi favoriser l’humidité ambiante favorable à l’enracinement des boutures.
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